Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValĂ©ry. Contexte historique : 1919. Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919). PremiĂšre Guerre mondiale, Ă©pilogue. Mot cĂ©lĂšbre et prophĂ©tique d’un intellectuel trĂšs Ă©coutĂ©, sinon toujours bien compris. Pessimiste, sa vision de l Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation s’affranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans lequel est fondu l’imaginaire. Et le propre de l’imaginaire n’est-il pas d’ĂȘtre riche et multiple ? Dix-neuf auteurs vous invitent ici Ă  parcourir les chemins de civilisations perdues ou Ă  venir Lalex Andrea, Jean-Pierre Andrevon, Alberto Arrecchi, Pascal Bayle, Ugo Bellagamba, CĂ©line Ceron Gomez, Dounia Charaf, LoĂŻc Daverat, Renaud Ehrengardt, Estelle Faye, Ïan Larue, Morgane Marchand, Johanna Marines, BĂ©rangĂšre Monraisse, Morency, TimothĂ©e Rey, Chantal Robillard, Mara Sedan et Ketty Steward. Illustration de couverture par HĂ©lĂšne Marchetto. Puissiez-vous partager le plaisir de leur dĂ©couverte. Anthologie officielle du festival Nice Fictions 2018. Voir la gamme et acheter
Quisommes-nous ? LA REVUE . Culture Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus La Gourmandise Natale, par Charles Maurras. Culture & Civilisations vgauredijon-14 août 2022. La cuisine provençale selon Maurras ! Préface à l'ouvrage de M. Maurice BrunGroumandugi,
Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’équivocitĂ© de la rĂ©flexion de Paul ValĂ©ry, dans la Crise de l’esprit 1919, met Ă  la fois en perspective le caractĂšre vulnĂ©rable de cette civilisation qui se sait dĂ©sormais aussi fragile qu’une vie », comme l’écrit l’auteur quelques lignes plus loin ; et sa force lĂ©tale capable de porter la vie a des sommets de grandeur, la civilisation est Ă©galement aurĂ©olĂ©e d’une puissance de destruction insoupçonnable jusqu’alors. Si cette sentence a pu marquer le XXe siĂšcle et permettre d’interroger les totalitarismes qu’il a vu prospĂ©rer, elle semble s’appliquer avec plus de force encore Ă  l’aube de ce troisiĂšme millĂ©naire, qui voit, avec l’apparition du transhumanisme, se redessiner Ă  une vitesse vertigineuse les contours de l’humanitĂ© Ă  venir. De l’homme augmentĂ© au posthumain, le transhumanisme revĂȘt des visages multiples qui semblent cependant tous annoncer un bouleversement radical de la nature mĂȘme de l’humanitĂ© et l’on oscille entre la fascination et l’effroi devant les scĂ©narios de science-fiction qui nous sont prĂ©sentĂ©s. Ce mouvement culturel et intellectuel affirme qu’il est possible et dĂ©sirable d’amĂ©liorer fondamentalement la condition humaine en dĂ©veloppant et diffusant largement les techniques visant Ă  Ă©liminer le vieillissement et Ă  amĂ©liorer de maniĂšre significative les capacitĂ©s intellectuelles, physiques et psychologies de l’ĂȘtre humain » 1. La transformation de l’homme, envisagĂ©e au niveau individuel, ou par la crĂ©ation d’un humain augmentĂ© », qui constituerait une nouvelle espĂšce, une humanitĂ© + symbolisĂ© H+ dans l’hybridation qui est faite de l’homme et de la machine, peut affecter diffĂ©rentes facultĂ©s de l’ĂȘtre humain capacitĂ©s physiques ou cognitives, longĂ©vitĂ© ou immortalitĂ©. Si aucun irĂ©nisme ou aveuglement n’est permis face Ă  de tels enjeux, tant dans les politiques de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© internationale que dans le recours aux techniques bio-mĂ©dicales en vue de neuro-amĂ©lioration de la personne non malade », on peine cependant Ă  dĂ©mĂȘler les faits des oracles de certaines pythies contemporaines. C’est la caractĂ©ristique premiĂšre de la technologie, Ă©crit Don DeLillo, d’un cĂŽtĂ© elle suscite un appĂ©tit d’immortalitĂ©, de l’autre elle provoque la peur de l’extinction universelle » 2. À la fragilitĂ© de la vie, Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© de l’existence qui apparaĂźt avec tant de force aprĂšs les ravages du XXe siĂšcle ou en des temps de crise Ă©cologique que l’on nous prĂ©sente comme sans prĂ©cĂ©dent, le transhumanisme rĂ©pond avec de mirifiques promesses de vie Ă©ternelle
 mais il semble dans le mĂȘme temps annoncer une aliĂ©nation radicale aux diffĂ©rentes technologies. La dĂ©couverte de ce Nouveau Monde nous rĂ©servera-t-elle le mĂȘme traitement qu’aux derniers natifs des terres conquises ? Pourtant dĂ©fenseurs de la recherche et du progrĂšs, Bill Gates ou Stephen Hawking s’inquiĂštent de l’avĂšnement d’une superintelligence artificielle capable de pulvĂ©riser notre espĂšce. Si nous ne voulons pas ĂȘtre obsolĂštes dĂšs la naissance, si nous voulons rester les ĂȘtres les plus Ă©voluĂ©s, nous faut-il devenir des robots nous aussi ? PĂ©riode de rupture fondamentale, comment notre dĂ©but de troisiĂšme millĂ©naire sera-t-il jugĂ© par la postĂ©ritĂ© ? Quelle forme prendra cette postĂ©ritĂ© et surtout, de quel jugement sera-t-elle capable ? Accro aux nouvelles technologies Il importe de distinguer au sein du discours profĂ©rĂ© sur l’intelligence artificielle IA et sur l’évolution des nano et biotechnologies, les progrĂšs scientifiques rĂ©els, de la prophĂ©tie que certains prĂȘtres du techno-progressisme font passer pour imminente. De fait, l’irruption de l’intelligence artificielle dans nos vies n’est plus une option que l’on pourrait dĂ©cocher, un interrupteur que l’on aurait encore le loisir d’éteindre
elle est devenue indispensable, nĂ©cessaire, elle prend forme de dĂ©terminisme. Tout le monde est accro aux nouvelles technologies sans forcĂ©ment s’en rendre compte on regarde en moyenne 150 fois par jour son tĂ©lĂ©phone portable. Il existe d’ailleurs un droit Ă©lĂ©mentaire Ă  la connexion comme il existe un droit Ă  l’électricitĂ©. Les opĂ©rateurs ne peuvent arrĂȘter brutalement la connexion d’un client insolvable, mais seulement rĂ©duire son dĂ©bit, comme un fournisseur d’électricitĂ© doit en assurer une fourniture minimale. Chacun de nous informe et nourrit la pieuvre tentaculaire des GAFA Google, Apple, Facebook, Amazon et des BATX chinois Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, par l’ensemble des donnĂ©es que nous leur fournissons. Cependant on ne peut accorder un crĂ©dit absolu aux chantres de ce que l’on appelle l’ Ăšre de la singularitĂ© » prise au sens large, cette expression dĂ©signe un avenir dans lequel l’intelligence des machines dĂ©passera allĂšgrement celle des humains qui les ont créées, actant dĂ©finitivement la fusion entre la vie technologique et la vie biologique avec comme promesse ultime la rĂ©solution des problĂšmes humains les plus complexes ; cette dĂ©claration radicale de techno-progressisme exerce une influence patente sur la culture de la Silicon Valley et ainsi sur l’imaginaire liĂ© aux nouvelles technologies. Si ces scientifiques disposent de moyens humains et financiers exorbitants leur permettant de travailler activement au monde qu’ils appellent de leurs vƓux, il semble cependant nĂ©cessaire de s’attacher Ă  la chronologie afin de dĂ©mĂȘler le prophĂ©tique du scientifique. On peut, schĂ©matiquement, retenir quatre formes d’intelligence artificielle. C’est la partition que propose le Dr Laurent Alexandre dans La guerre des intelligences, intelligence artificielle versus intelligence humaine 3. De 1960 Ă  2010 apparaĂźt une premiĂšre forme d’IA lorsque les algorithmes sont programmĂ©s manuellement. C’est ce systĂšme que l’on trouve lorsqu’il s’agit par exemple de coder un site internet. À partir de 2012 apparaĂźt le deep learning qui commence Ă  dĂ©passer l’homme sur des taches bien spĂ©cifiques, par exemple en reconnaissance visuelle. Il s’éduque plus qu’il ne se programme ce qui donne une force terrible aux GAFA et aux BATX. Selon Laurent Alexandre, il peut concurrencer un radiologue mais pas un gĂ©nĂ©raliste. Il lui manque pour cela la mĂ©moire et la transversalitĂ©, troisiĂšme forme d’intelligence qui Ă©merge doucement mais ne sera opĂ©rationnelle que vers 2030. Celle-ci pourrait se faire passer pour un homme, ce qui pose de redoutables problĂšmes de sĂ©curitĂ©. La quatriĂšme forme de l’intelligence artificielle n’est en revanche pas encore apparue elle est celle de tous les scĂ©narios de science-fiction. Elle serait l’apparition d’une conscience artificielle, IA dite forte, c’est-Ă -dire capable de conscience de soi et de sentiments. La date de son Ă©mergence est l’objet de querelles irrationnelles et messianiques chez les spĂ©cialistes. Aujourd’hui, Ă©crit Laurent Alexandre, l’IA ressemble encore Ă  un autiste atteint d’une forme grave d’Asperger qui peut apprendre le bottin tĂ©lĂ©phonique par cƓur ou faire des calculs prodigieux de tĂȘte mais est incapable de prĂ©parer un cafĂ©. » On peut donc s’interroger sur la performativitĂ© de telles prophĂ©ties les ordinateurs deviendront-ils un jour des ĂȘtres conscients ou ne seront-ils jamais que des calculateurs sophistiquĂ©s incapables de toute Ă©motion ? L’incohĂ©rence fondamentale et pourtant Ă©lĂ©mentaire qui semble cantonner ce scĂ©nario Ă  un horizon dont on s’approche sans jamais l’atteindre est l’idĂ©e selon laquelle le vivant pourrait ĂȘtre compris Ă  l’aide d’un modĂšle mĂ©canique. C’est un paradigme technicien qui prĂ©side Ă  la rĂ©flexion transhumaniste. Pour que l’esprit puisse ĂȘtre tĂ©lĂ©chargeable dans une machine, encore faudrait-il qu’il soit matĂ©riel. Cette idĂ©ologie prĂ©suppose que l’on puisse rĂ©duire l’homme Ă  ses donnĂ©es biologiques et que l’on puisse rĂ©duire le vivant Ă  l’information qui le structure puisqu’un code gĂ©nĂ©tique est Ă  l’origine du vivant, il doit ĂȘtre possible d’en Ă©tablir un codage informatique. De l’ADN aux donnĂ©es informatiques il n’y a donc qu’un pas. Ainsi, Ray Kurzweil, fervent zĂ©lateur du transhumanisme, Ă©crit que nos corps biologiques version sont fragiles et sujets Ă  quantitĂ© de dysfonctionnements, sans mentionner les laborieux rituels de maintenance qu’ils requiĂšrent ». L’ordinateur n’est pas compris par anthropomorphisme mais c’est l’homme auquel on applique un vocabulaire informatique. Cette conception mĂ©caniciste du systĂšme se fonde sur une permanente quĂȘte d’amĂ©lioration du processus et procĂšde donc d’une logique de l’artefact qui ignore que nous serons toujours devant le vivant comme devant un mystĂšre, condamnĂ©s Ă  nous rĂ©pandre en hypothĂšses sur sa constitution sans maĂźtriser les complexitĂ©s d’une totalitĂ© qui ne peut se rĂ©duire Ă  la somme de ses parties. Mieux masquer nos asservissements Si les idĂ©es de crĂ©er une conscience artificielle ou d’abolir la mort sont bien lointaines, sans doute participent-elles de cette sidĂ©ration mĂ©dusĂ©e devant les pythies du transhumanisme qui nous fait oublier l’aliĂ©nation quotidienne qui est la nĂŽtre. Le transhumanisme nous promet des lendemains qui chantent pour mieux masquer nos rĂ©veils entre smartphone et ordinateur. De fait, c’est un vĂ©ritable asservissement Ă  la machine qui s’orchestre sous prĂ©texte de permettre notre libĂ©ration des lois de la nature. Nous sommes dĂ©sorientĂ©s dans un monde oĂč le GPS pense Ă  notre place, incapables d’écrire français pour avoir trop usĂ© de la correction orthographique et les femmes congĂšlent leurs ovocytes pour ĂȘtre rentables plus longtemps
 Le transhumanisme ne cesse d’en appeler Ă  l’imaginaire de la souverainetĂ© individuelle mais ne laisse prĂ©sager qu’une radicalisation de l’aliĂ©nation », Ă©crit Olivier Rey dans Leurre et Malheurs du transhumanisme 4. Pire, sans doute le transhumanisme n’est-il pas un progrĂšs mais la solution d’un problĂšme dĂ» Ă  la technique demain des robots de Calico, complexe de biotechnologies appartenant Ă  Google, permettront de lutter contre les formes autistiques dues Ă  l’usage abusif des NTIC 5 des jeunes japonais en leur tenant compagnie. C’est le sens des cyborgs cybernĂ©tic organism qui ont pour but de modifier les fonctions corporelles de l’homme pour rĂ©pondre aux exigences des environnements extraterrestres ». L’homme augmentĂ© n’est que le produit d’un monde ravagĂ© c’est la situation diminuĂ©e de l’homme contemporain qui rend allĂ©chantes les perspectives transhumanistes. Heidegger le prĂ©disait, on ne guĂ©rit de la technique que par la technique. Olivier Rey met en exergue les trois stratĂ©gies employĂ©es afin d’imposer le transhumanisme on commence par faire danser devant vos yeux les promesses d’un transhumanisme messianique demain, la mort sera abolie et votre corps invulnĂ©rable. La deuxiĂšme stratĂ©gie est la banalisation si vous refusez le transhumanisme, alors ne portez plus de lunettes, d’oreillettes ni de prothĂšses, n’utilisez plus rien qui transforme votre rapport au monde par l’artifice. Enfin on vous impose la fatalitĂ© Vous ĂȘtes embarquĂ©s », on ne peut refuser l’inĂ©luctable marche du progrĂšs. Olivier Rey montre nĂ©anmoins que plus le monde va mal, plus il faut abreuver les populations de promesses Ă©poustouflantes Les promesses transhumanistes ne sont pas destinĂ©es Ă  se rĂ©aliser. Mieux vaut donc ne pas perdre son temps Ă  s’émerveiller ou s’épouvanter du futur qu’elles dessinent. Leur vĂ©ritable nocivitĂ© est ailleurs elle rĂ©side dans leur facultĂ© Ă  captiver l’esprit, Ă  le divertir de ce dont il devrait se soucier. Pour faire face Ă  ce qui nous attend, l’urgence serait de diminuer notre dĂ©pendance Ă  la technologie » 6. PrĂ©sentĂ© comme le choix par lequel on surpasserait une nature limitĂ©e pour se faire crĂ©ateur affranchi des servitudes biologiques, le transhumanisme prĂ©tend cependant ĂȘtre une fatalitĂ©. C’est du moins sur cet apparent dĂ©terminisme que se fonde l’aspect messianique de cette idĂ©ologie. À bien des Ă©gards le transhumanisme s’inscrit dans la droite ligne des matĂ©rialismes historiques et biologiques qui ont prĂ©sidĂ© aux idĂ©ologies du XXe siĂšcle. Ainsi la rĂ©duction matĂ©rialiste s’accomplit par cette double rĂ©duction de toute spiritualitĂ© Ă  de la matiĂšre et de toute matiĂšre Ă  de l’information. Tout n’est que Data et ce Data nous gouverne. VoilĂ  sur quel paradigme mĂ©caniciste elle se fonde chez Marvin Minsky, pour qui le cerveau se rĂ©sume Ă  une machine de viande ». Si l’on envisage la machine comme un dispositif conçu pour accomplir une tĂąche de maniĂšre optimale, alors le but notre cerveau en tant que machine de viande » est d’accroĂźtre au maximum nos capacitĂ©s cognitives. AmĂ©liorer notre potentiel computationnel serait notre devoir, ou du moins notre raison d’ĂȘtre, impliquant de tout mettre en Ɠuvre pour fonctionner le plus longtemps et le plus efficacement possible. L’ex-Union soviĂ©tique voit donc ses fantasmagories prolongĂ©es par le geste transhumain. Il ne s’agit plus de prendre un corps blessĂ© et de le guĂ©rir mais d’en faire un surhomme. Cet homme futur, que les savants produiront, nous disent-ils, en un siĂšcle, pas davantage, paraĂźt en proie Ă  la rĂ©volte contre l’existence humaine telle qu’elle est donnĂ©e, cadeau venu de nulle part laĂŻquement parlant et qu’il veut pour ainsi dire Ă©changer contre un ouvrage de ses propres mains. » Ainsi s’exprime Hannah Arendt dans la Condition de l’homme moderne 1958. Le transhumanisme dĂ©coule en effet d’une rĂ©bellion contre la nature humaine, finie, limitĂ©e, pulsionnelle. Il procĂšde ainsi du mĂȘme mouvement que le collectif LGBTQI ou la logique antispĂ©ciste. RedĂ©finissant les limites de l’humain, il dessine le visage d’une post-humanitĂ© qui s’avĂšre plutĂŽt ĂȘtre une inhumanitĂ©. ImmergĂ©s dans le Styx afin d’ĂȘtre rendus invulnĂ©rables, c’est sans doute dans ce refus de la vulnĂ©rabilitĂ© que rĂ©side le talon d’Achille des transhumanistes. Lorsque l’on sait combien l’intelligence Ă©motionnelle des enfants ayant grandi en prĂ©sence d’une personne handicapĂ©e peut se dĂ©velopper, il semble fondamental de prĂ©server ce qui fait le propre de notre humanitĂ©. La vulnĂ©rabilitĂ© de notre incarnation est la condition du prix de l’existence. Face Ă  cette idĂ©ologie de la virtualisation apparaĂźt urgente la contemplation de la PrĂ©sence RĂ©elle
 qui seule triomphe de la mort. Maylis de BonniĂšres 1 The Transhumanist Declaration. 2 Bruit de fond, Stock, 1986 rééd. Actes Sud, 2001. 3 JC LattĂšs, 2017. 4 DesclĂ©e de Brouwer, 2018. 5 Nouvelles technologies de l’information et de la communication. 6 Ibid. © LA NEF n°312 Mars 2019
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es ; avec leurs grammaires, leurs
Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633 1841-1929, Discours de Verdun, 14 juillet 1919 Discours de paix posthume, Georges Clemenceau. Le vieil homme est devenu le Perd la Victoire » piĂštre nĂ©gociateur au traitĂ© de Versailles signĂ© le 28 juin, il a laissĂ© l’Anglais Lloyd George et l’AmĂ©ricain Wilson l’emporter sur presque tous les points. Et il ne sera pas prĂ©sident de la RĂ©publique, l’AssemblĂ©e prĂ©fĂ©rant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage, paroles de Clemenceau sont prophĂ©tiques d’une autre rĂ©alitĂ© L’Allemagne, vaincue, humiliĂ©e, dĂ©sarmĂ©e, amputĂ©e, condamnĂ©e Ă  payer Ă  la France pendant une gĂ©nĂ©ration au moins le tribut des rĂ©parations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, gĂ©nĂ©ratrice de toutes les autres » Pierre Gaxotte, Histoire des Français. À l’issue d’une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la dĂ©faite. »2617 LĂ©on BLUM 1872-1950, A l’échelle humaine 1945 Texte Ă©crit en 1941 par le leader socialiste, en internement administratif.Au lendemain de 1918, l’humiliation de 1871 est vengĂ©e, le pays est vainqueur, de nouveau entier, mais exsangue, dĂ©vastĂ©, divisĂ©, moralement bouleversĂ© aprĂšs l’épreuve. Cette guerre a coĂ»tĂ© trĂšs cher en hommes, en argent, et la France ne s’en remettra pas, avant la prochaine guerre. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »2618 Paul VALÉRY 1871-1945, La Crise de l’esprit 1919 L’angoisse de l’intellectuel dĂ©passe l’horizon d’un aprĂšs-guerre et d’un pays. ValĂ©ry, l’un des esprits les plus lucides de l’époque, dĂšs la paix revenue, lance ce cri d’alarme Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences [
] Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues [
] Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. » Il y eut quelque chose d’effrĂ©nĂ©, une fiĂšvre de dĂ©pense, de jouissance et d’entreprise, une intolĂ©rance de toute rĂšgle, un besoin de nouveautĂ© allant jusqu’à l’aberration, un besoin de libertĂ© allant jusqu’à la dĂ©pravation. »2631 LĂ©on BLUM 1872-1950, À l’échelle humaine 1945 Socialiste tĂ©moin de son temps, il Ă©voque le bouleversement moral qui suit la PremiĂšre Guerre mondiale. Le jazz entre en scĂšne. Le tango chavire les corps. Le charleston fait rage. Les dancings font fortune. Les artistes se doivent d’ĂȘtre anarchistes, dadaĂŻstes, bientĂŽt surrĂ©alistes. Les femmes ont l’air de garçons. C’est bien parce que c’est mal ; c’est mal parce que c’est bien. » Pour une minoritĂ© privilĂ©giĂ©e, c’est le dĂ©but des AnnĂ©es folles ». Foch commande Ă  toutes les armĂ©es de l’univers. »2632 Maurice BARRÈS 1862-1923, 14 juillet 1919 Histoire de la France les temps nouveaux, de 1852 Ă  nos jours 1971, Georges Duby Les chefs des armĂ©es alliĂ©es et les reprĂ©sentants des troupes combattantes dĂ©filent sur les Champs-ÉlysĂ©es, le jour de la fĂȘte nationale. Pour les nationalistes qui ont ardemment parlĂ© revanche, prĂȘchĂ© le patriotisme et prĂŽnĂ© l’Union sacrĂ©e, le jour de gloire est vraiment arrivĂ© pour la France dont le prestige international est immense. C’est plus vrai encore pour cet Ă©crivain et politicien, nĂ© lorrain quand la Lorraine Ă©tait encore française. L’Allemagne paiera. »2635 Axiome lancĂ© aprĂšs la Grande Guerre Histoire de l’Europe au XXe siĂšcle de 1918 Ă  1945 1995, Jean Guiffan, Jean Ruhlmann Le Bloc national a fondĂ© sa campagne sur ce slogan, pour les lĂ©gislatives du 16 novembre 1919. C’est aussi la rĂ©ponse de Clemenceau, chef du gouvernement, interpellĂ© sur les difficultĂ©s de la reconstruction. Klotz, son ministre des Finances, confirme L’Allemagne paiera. » Et jusqu’au dernier penny ! », renchĂ©rit Lloyd George, le Premier ministre anglais, poussĂ© par son opinion paiera, oui, mais mal. Le montant des rĂ©parations, fixĂ© Ă  85,8 milliards de francs pour la France se rĂ©duit Ă  5 milliards – Ă©talĂ©s dans le temps. Mais l’axiome va justifier les prodigalitĂ©s financiĂšres du Bloc national issu des Ă©lections. Comptant sur ces rĂ©parations, l’État multiplie les dĂ©penses publiques financĂ©es par l’emprunt au lieu de l’impĂŽt. D’oĂč l’inflation prix multipliĂ©s par 6,5 de 1914 Ă  1928 ! Clemenceau avait raison Il est plus facile de faire la guerre que la paix. » La PremiĂšre Guerre Mondiale en citations Prologue la Grande Guerre, C’est la plus monumentale Ăąnerie que le monde ait jamais faite. » EntrĂ©e en guerre La mobilisation n’est pas la guerre. » Verdun et PĂ©tain Courage ! On les aura ! » Clemenceau La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier Ă  des militaires. » Victoire L’Allemagne peut ĂȘtre battue
 » À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont Ă  vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu ! Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premiĂšres pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coĂ»t 4 € le volume.
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Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă 
FIGAROVOX/ANALYSE - Califat, Ă©lection d'Erdogan en Turquie, conflit israĂ©lo-palestinien, les crises se multiplient au Moyen-Orient. La prophĂ©tie de Samuel Huntington serait-elle en train de se rĂ©aliser ? Le dĂ©cryptage de FrĂ©dĂ©ric Saint Clair, ancien conseiller de Dominique de Saint Clair est mathĂ©maticien et Ă©conomiste de formation. Il a Ă©tĂ© chargĂ© de Mission auprĂšs du Premier ministre Dominique de Villepin pour la communication politique 2005-2007. Il est aujourd'hui Consultant Free Victoires fulgurantes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant EIIL, massacre des chrĂ©tiens d'Orient, Ă©lection triomphale d'Erdogan en Turquie, escalade meurtriĂšre entre israĂ©liens et palestiniens, sommes-nous finalement en train d'assister au fameux choc des civilisations que prĂ©disait le trĂšs controversĂ© Samuel Huntington dĂšs 1996?FrĂ©dĂ©ric SAINT-CLAIR Un choc est par principe instantanĂ©. Mais que se passe-t-il avant? Et que se passe-t-il aprĂšs? Est-ce que tous les Ă©vĂšnements internationaux sont sensĂ©s participer de ce mĂȘme choc? Une lecture de l'actualitĂ© internationale au travers du modĂšle dĂ©veloppĂ© par Huntington semble par trop statique. Il y a une dynamique des conflits qui lui Ă©chappe. En revanche, Samuel Huntington a mis en lumiĂšre un certain nombre de points cruciaux pour comprendre la pĂ©riode postĂ©rieure Ă  la guerre froide, notamment l'Ă©mergence du culturel - et particuliĂšrement du fait religieux - au sein des conflits, ainsi que la perte de vitesse du modĂšle occidental et de la notion de dĂ©mocratie libĂ©rale. La vocation universaliste des droits de l'homme, le doux commerce» qui, selon Montesquieu, Ă©tait vecteur de paix, ne portent pas en eux une Ă©vidence et une force suffisantes pour ĂȘtre universellement acceptĂ©s. Paul ValĂ©ry, en introduction de son cĂ©lĂšbre texte, La crise de l'esprit, Ă©crivait Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» Aujourd'hui, des individus dĂ©pourvus de toute humanitĂ© instrumentalisent la religion afin de mettre un terme aux valeurs prĂŽnĂ©es par la civilisation occidentale, y compris les valeurs chrĂ©tiennes, et imposer leur barbarie. Des civilisations peuvent disparaĂźtre ainsi, dans l'horreur, la nĂŽtre Ă©galement, et l'histoire en est tĂ©moin. Nous n'en sommes pas lĂ  ; en revanche, la question de la prééminence de ces valeurs est nettement engagĂ©e. Des civilisations peuvent disparaĂźtre ainsi, dans l'horreur, la nĂŽtre Ă©galement, et l'histoire en est tĂ©moin. Nous n'en sommes pas lĂ . Dans une tribune publiĂ©e par le Monde, Dominique de Villepin explique, Ce n'est en rien un choc immĂ©morial entre les civilisations, entre l'Islam et la chrĂ©tientĂ©, ce n'est pas la dixiĂšme croisade 
 Non il s'agit d'un Ă©vĂ©nement historique majeur et complexe, liĂ© aux indĂ©pendances nationales, Ă  la mondialisation et au Printemps arabe». Tous ces Ă©vĂšnements ne sont-ils pas, malgrĂ© tout, liĂ©s par la montĂ©e de l'Islam radicale?Le choc n'est en effet pas immĂ©morial, et il ne s'agit en rien d'une opposition entre l'islam et le christianisme. Il ne s'agit pas non plus d'une croisade, ou alors Ă  l'envers, car en Irak, ce sont des musulmans qui tyrannisent les chrĂ©tiens sous prĂ©texte d'imposer leur religion. Si Dominique de Villepin a raison de souligner la complexitĂ© de l'Ă©vĂšnement, vous avez raison de souligner la dimension islamiste radicale qui est Ă  sa base. Mais l'islamisme radical en tant qu'hypertrophie politico-religieuse n'explique pas tout. Pour comprendre ces Ă©vĂšnements nous devons aller plus loin et interroger ce qui est Ă  son fondement, ce sur quoi les intĂ©gristes s'appuient, c'est-Ă -dire la composante politique de l'islam. Malek Chebel Ă©crit L'islam restera viscĂ©ralement attachĂ© Ă  une vision globale de l'existence, de sorte que la vie organique n'est jamais sĂ©parĂ©e de la vie spirituelle, ni la vie individuelle de la vie collective [
] Enfin, l'islam a rĂ©ponse Ă  tout, du berceau Ă  la tombe.» La dimension politique de l'existence collective est donc incluse intĂ©gralement dans, ou mĂȘme prĂ©emptĂ©e par, la dimension religieuse qui a vocation Ă  ĂȘtre totalisante. Au-delĂ  de l'islamisme, qui est une dĂ©rive extrĂ©miste qui doit ĂȘtre combattue, l'islam politique questionne dĂ©jĂ  le modĂšle de la dĂ©mocratie libĂ©rale occidentale. Nous le constatons sur le territoire français, oĂč les revendications religieuses face au droit rĂ©publicain se multiplient. Comment, dĂšs lors, cette dimension pourrait-elle ĂȘtre absente des rĂ©volutions nationales telles que les printemps arabes» oĂč de nouvelles structures politiques sont en train de naĂźtre, bien souvent dans la douleur? Avec beaucoup de patience et de tolĂ©rance, nous devons poursuivre et enrichir le dialogue entre dĂ©mocratie libĂ©rale et revendiquĂ©e par EIIL fait passer la communautĂ© des fidĂšles, avant l'attachement Ă  la nation. Existe-t-il un risque de voir ces diffĂ©rentes crises se rejoindre? En quoi diffĂšrent-elles vraiment les unes des autres?Nous sommes lĂ  au cƓur de la question thĂ©ologico-politique liĂ©e Ă  l'islam. L'Oumma pourrait, ou devrait, ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une communautĂ© spirituelle, et elle ne saurait ĂȘtre perçue autrement dans la tradition mystique, mais, la tentation de lier pouvoir spirituel et pouvoir temporel - politique - affaiblit la notion de communautĂ© religieuse et la rend susceptible d'ĂȘtre substituĂ©e Ă  la nation dĂ©mocratique. Le concept d' ecclĂ©sia» - de communautĂ© ou d'Ă©glise - a Ă©tĂ© soumis Ă  la mĂȘme tension, mais, par un cheminement long et complexe, cette tension a Ă©tĂ© apaisĂ©e en Occident. Elle demeure en revanche intacte dans les pays arabes et dans les diffĂ©rents types de conflits qui ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s, avec des particularitĂ©s propres, et des intensitĂ©s qu'au triomphe de Hungtington, assiste-t-on Ă  la dĂ©faite de Francis Fukuyama qui pronostiquait la fin de l'Histoire? Loin d'avoir conduit Ă  une homogĂ©nĂ©isation croissante de toutes les sociĂ©tĂ©s humaines» la globalisation n'a-t-elle pas, au contraire, exacerbĂ©e les identitĂ©s?Le modĂšle de Fukuyama a cristallisĂ© en quelque sorte toutes les illusions nĂ©es de la RĂ©volution Française et de la supĂ©riorité» occidentale du XIXĂšme siĂšcle. Il y a en effet une crise de l'identitĂ©. Celle-ci n'est pas nouvelle mĂȘme si elle prend de nouvelles formes, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'Ă©viter les modĂšles englobants et statiques. La globalisation a accĂ©lĂ©rĂ© la chute du modĂšle occidental matĂ©rialiste. Malheureusement, les valeurs humanistes prĂ©sentes Ă  la base de ce modĂšle, telles que les droits de l'homme, la libertĂ©, l'Ă©galitĂ©, la fraternitĂ©, ont subi le mĂȘme sort. La haine de l'Occident, qui grandit, amalgame toutes les composantes d'un modĂšle occidental multiforme fragilisĂ© par notre incapacitĂ© Ă  le remettre en question et Ă  le renouveler. Il semble nĂ©cessaire de revenir aux fondamentaux de notre civilisation, et de les cultiver. Gandhi Ă©crivait L'amour est la plus grande force au monde et, en mĂȘme temps, la plus humble qu'on puisse imaginer.» Pour apaiser les tensions identitaires, au moins dans notre pays, c'est cela qu'il faut mettre en pratique. Notre tradition rĂ©publicaine a beaucoup insistĂ© sur la libertĂ© et l'Ă©galitĂ© et a oubliĂ© bien souvent la fraternitĂ©, qui, selon Pierre Leroux, Ă©tait la condition de l'unitĂ©. Par exemple, les Ă©trangers vivant sur le sol français, qu'ils soient juifs, musulmans, athĂ©es, ou autre, doivent ĂȘtre inclus dans cette fraternitĂ© rĂ©publicaine, car c'est par lĂ  que notre attachement Ă  nos valeurs s'exprime le mieux. Avec beaucoup de patience et de tolĂ©rance, nous devons poursuivre et enrichir le dialogue entre dĂ©mocratie libĂ©rale et islam. Si l'histoire a montrĂ© que la France avait eu raison de s'opposer Ă  l'intervention amĂ©ricaine en Irak en 2003, face au nouveau dĂ©sordre mondial créé par celle-ci ainsi que face aux effets collatĂ©raux des printemps arabes, faut-il dĂ©sormais intervenir, notamment pour protĂ©ger les chrĂ©tiens d'Orient?Oui, il faut intervenir, car les conditions sont radicalement diffĂ©rentes. En 2003, Bush partait en guerre contre Sadam Hussein persuadĂ© de trouver des tĂȘtes nuclĂ©aires enfouies dans le sol irakien, et de participer ainsi Ă  la lutte contre le terrorisme. Aujourd'hui, nous sommes face Ă  une oppression rĂ©elle, Ă  des populations entiĂšres jetĂ©es le long des routes, dans des conditions terribles. Nous devons cependant rester vigilants face Ă  la tentation guerriĂšre. La reconstruction de la paix est l'unique objectif.Il faudra une gĂ©nĂ©ration au Moyen-Orient pour entrer dans sa propre modernitĂ© apaisĂ©e, mais d'ici lĂ  il est guettĂ© par la tentation nihiliste, par le suicide civilisationnel. Nous sommes Ă  la veille du moment dĂ©cisif oĂč la rĂ©gion basculera de l'un ou de l'autre cĂŽtĂ©.» Quel rĂŽle les pays occidentaux pour Ă©viter le basculement du mauvais cĂŽtĂ©?Nous pouvons parler de nihilisme» car c'est bien d'une nĂ©gation des valeurs morales de l'Occident dont il s'agit. En revanche, la perspective d'une entrĂ©e dans une modernitĂ© apaisĂ©e Ă  horizon d'une gĂ©nĂ©ration reste difficilement envisageable. C'est une sociĂ©tĂ© close qui se dessine dans cette rĂ©gion du monde, et le modĂšle occidental n'a que peu d'influence sur elle. Le soft power», pour employer un terme repris par Fukuyama, est devenu quasiment inopĂ©rant. L'aide aux populations dĂ©favorisĂ©es, l'aide humanitaire que la France va superviser en Irak - et dont nous devons ĂȘtre satisfaits -, participe du rĂŽle que vous Ă©voquez et qui peut ĂȘtre dĂ©terminant, notamment sur le chemin parfois long qui mĂšne Ă  la paix.
Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e
La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă  nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă  mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourd’hui l’humanitĂ©. L’histoire nous apprend qu’aprĂšs les grandes crises il n’y a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour d’aprĂšs. Mais l’ampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela s’ajouter les risques d’une crise morale comparable Ă  celle qui s’est produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour l’idĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi d’un grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque d’exacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand l’Empire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin d’empĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă  en dĂ©rober le secret Ă  la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă  la Chine de piller ses technologies et d’accumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă  son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă  prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler l’épidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă  l’Occident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste d’autres pays. C’est ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă  lutter contre le coronavirus, contrairement Ă  ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de l’Union EuropĂ©enne sont parvenus Ă  un accord sur un fond de soutien commun Ă  l’économie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il n’en reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© l’Italie et l’Espagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de l’Union EuropĂ©enne dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation d’un mode de vie d’avantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde d’avant et d’aprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de l’Etat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs qu’affronte l’humanitĂ© ? S’ajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusqu’à reineabbas
\n \n\nnous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles

Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». La phrase de Paul ValĂ©ry figure-t-elle au menu du jour ? À nouveau mal, mots nouveaux. Hier le rouge et le noir, aujourd’hui le rouge et le vert, deux couleurs primaires et complĂ©mentaires. Rouge danger et interdiction. Mais Ă©galement rouge Ă©nergie et rĂ©volte. Vert pharmacie, espĂ©rance et

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